Date / Heure
Date(s) - 25 septembre 2014
18h00 - 21h00
Dans le cadre de l’exposition « Enfants de Syrie, au coeur des blessures cachées » présentée à la Mairie du 1er arrondissement de Lyon, un évènement exceptionnel:
« Joumana Maarouf, institutrice à Damas, a commencé à écrire en mars 2012, au moment où la révolution syrienne a changé de nature et pris une tournure tragique. La correspondance qu’elle a entretenue pendant plus de deux années et qui fait l’objet de ce livre, témoigne de la dramatique réalité à laquelle les Syriens sont confrontés, au travers de descriptions puissantes et émouvantes ». Editions Buchet Chastel.
Extrait de Lettres de Syrie
10 mars 2012
Bonsoir, ma chère amie.
Voilà, l’hiver est sur le point de finir. Ce qu’il a pu être long et rude ! C’était peut-être l’hiver le plus dur qu’ait connu la Syrie. Est-ce que je t’ai dit que mon travail n’était plus en banlieue, mais en plein Damas ? Je passe par la place Seb‘a Bahrat sur le chemin de l’aller et du retour. Là-bas, sur la façade de la Banque Centrale, il y avait une immense affiche du président, qui recouvrait à peu près le tiers de l’énorme bâtiment. Il y a deux semaines, le vent l’a soudain déchirée en plein milieu. Une amie qui passait sur la place m’a raconté que tous ceux qui se trouvaient là ont vu ce qui s’était passé, car on a entendu un grand bruissement au moment où la photo s’est déchirée en deux, exactement au milieu… Elle m’a décrit le visage des gens. Il présentait un éventail de tous les sentiments, de la joie malicieuse à la peur. Depuis des décennies, la peur est la denrée la plus courante en Syrie. Deux jours plus tard, j’ai vu la nouvelle affiche : une copie de l’ancienne. Mais peut-être, cette fois-ci, son papier était-il plus résistant. Quelques dizaines de jeunes dansaient sur une chanson à la gloire du président, et sous l’affiche, on pouvait voir une grande banderole sur laquelle était écrit : « Bachar se porte bien, donc, en résumé, le monde se porte bien ».
Je t’écrirai demain, si toutefois j’ai internet et l’électricité.